6/10Et dieu ? (dans tout ça)

/ Critique - écrit par Guillaume, le 11/06/2004
Notre verdict : 6/10 - Qu'en penser ? (Fiche technique)

Du théâtre ?

Difficile ! Difficile de parler de cette pièce. En effet, elle n'est pas à proprement parler du théâtre, donc très vite on se demande quoi faire face à cette bande de comédiens qui parlent, miment, et se trémoussent dans tous les sens.

Et Dieu ?

A la base, c'est l'histoire de la création d'une pièce de théâtre. Enfin, disons plutôt, c'est l'histoire d'une création. Et pas n'importe laquelle puisque cette création va trouver ses fondements en Dieu, oui. Dieu, celui qui est là-haut, celui qui nous regarde, celui que nous acceptons, ou non, comme créateur. Dieu est donc mis en scène, non pas à travers son caractère purement divin, mais plutôt à travers ses manifestations physiques : la conception de Jésus, la prière, la croix, les dictons chrétiens... Et sous un biais purement humain, qui montre non pas Dieu comme entité individuelle, mais comme un "concept" purement lié aux activités et aux faits de l'humanité. Dieu est là partout dans la pièce, aussi bien dans le jeu que dans l'humour, les répliques. Il est omniprésent, et cependant il se fait oublier, relégué à l'arrière plan par tous les stratagèmes comiques mis en place.

La religion est universelle, mais le rire...

Avec un tel leitmotiv, et avec la mythologie qui s'y rattache, il y avait fort à faire, fort à parler. Beaucoup de choses à dire, peut-être même trop. Le parti pris était de rire avant tout, ainsi le message est globalement peu sérieux. Tellement peu sérieux que la plupart du temps alloué à la pièce est consacré aux grimaces, déplacements, et trémoussements des comédiens. Ceux-ci ne cessent de se morfondre dans le comique de répétition et de geste. Ca plaira à certains (dont la voisine du rang de derrière, qui empêchera tout le monde d'entendre ce qui se dit sur scène), mais ça en défrisera d'autres (on a beau dire, mais ces types de comiques sont un peu lourds). Le metteur en scène aime apparemment beaucoup les symboles phalliques. Oui, oui, je vous l'ai dit, l'humour ne plaira pas à tous. C'est bien dommage car il y a de très bonnes idées, comme la récurrence de l'apparition de la marque IKEA, mais trop, c'est trop !
Pourtant, même si on peut critiquer cet humour un peu facile et souvent décalé, on ne peut nier que les comédiens l'imposent d'une façon magistrale. Tous jouent bien. Entre le contorsionniste déhanché et la demoiselle au sourire communicatif, on ne perd pas une miette de la performance. Si seulement tout était à la hauteur...

La foi en kit

On se perd (dans tout ça), on oublie les repères classiques du théâtre. On ne parvient pas réellement à apprécier ce désordre. Le thème général de Dieu n'arrive pas à créer un fil rouge digne de ce nom. La composition relève davantage de la superposition à outrance de sketchs que d'une véritable trame. Au final on ne retiendra qu'une chose "La foi se vend en kit".
Seul l'humour crée une unité et on se retrouve complètement démuni face à cet ovni qui aura au moins le mérite de laisser le spectateur dans l'expectative.