6.5/10Eurockéennes de Belfort - Edition 2008

/ Critique - écrit par nazonfly, le 12/07/2008
Notre verdict : 6.5/10 - Euh ? Rockéennes ? (Fiche technique)

Tags : eurockeennes festival belfort edition concert rock scene

Des concerts oubliables et d'autres exceptionnels. Une année entre soleil et pluie. A tous les points de vue.

Quatrièmes Eurockéennes pour votre serviteur ! L'année 2004 était pimentée (Slipknot, Korn, Placebo, Franz Ferdinand, Pixies entre autres), un peu comme cette première fois dont on se souvient toute notre vie. L'année 2005 était celle de la confirmation avec des découvertes et créations originales à la saveur particulière, une année à faire briller les yeux et enchanter les coeurs : magnifique rencontre entre Nosfell et Ez3kiel, show époustouflant de Balkan Beat Box, les bourrins de Nine Inch Nails et Queens of the Stone Age ou les papys de Kraftwerk. L'année 2006 était douce-amère. Les déceptions comme Deftones ou Dionysos se mélangeaient aux belles réussites comme Mogwai ou Sigur Ros.
A quelle sauce allait-on être mangés pour cette année 2008 qui s'annonçait sous l'égide des mastodontes que sont Massive Attack, Moby, The Offspring ou des groupes plus récents comme The Do, The Wombats ou Babyshambles.

 

Vendredi

Tout est calme... pour l'instant
Tout est calme... pour l'instant (1)
Après une bonne nuit de sommeil -oui votre serviteur avait choisi l'hôtel au lieu du bruyant mais sympathique (ou l'inverse ?) camping, nous étions frais et dispos pour une première journée assez enthousiasmante sur le papier. Cette année, quelques changements sur le site des Eurockéennes, la magnifique presqu'île de Malsaucy qu'il faudra bien visiter un jour hors festival : la Grande Scène, la Plage et le Chapiteau sont toujours bel et bien là, mais le toit de la Loggia a disparu et la troisième scène par la taille devient donc à ciel ouvert et agrémentée de lumières bleues dans la nuit. Le Soundsystem, désormais Club Deville, est une réelle cinquième scène, petite mais garnie de gradins, les festivaliers apprécieront sûrement un bel endroit pour reposer ses guibolles.
Pour ce premier jour de musique non-stop ou presque, nous décidons justement d'attaquer par le Club Deville et T, vainqueur du tremplin strasbourgeois. Une pop-folk mignonette pour débuter. Sympathique mais franchement mou du genou. Quelques minutes d'arrêt devant Keny Arkana, qui fait son truc avec beaucoup d'énergie et de volonté. Pourtant il est difficile de s'enthousiasmer devant son hip-hop certes sincère, mais musicalement moyen. Nous quittons donc la rappeuse argentino-marseillaise tandis qu'elle encourageait le public à lever le majeur contre Sarkozy. Déjà vu, déjà fait, déjà oublié.
Direction la Loggia où The Mondrians qui se révèle être le premier groupe intéressant du jour. Un rock punchy à même de faire bouger les petites fesses du festivalier souffrant déjà de la chaleur. Il est temps de s'abriter sous le Chapiteau pour découvrir (mieux vaut tard que jamais) Arno, le Belge à la voix inoubliable. Quelques minutes de chanson jazzy avant de partir sous un répertoire plus rock, et nous sommes déjà sous le charme. Pour quelques minutes... car la scène s'éteint au beau milieu d'une chanson. Un peu d'attente, une longue attente avant de voir le retour d'Arno. Une nouvelle fois coupé dans son élan par un problème électrique ! Dégoûté, Arno jettera le pied de micro sur la scène, et ne reviendra pas. Quel couac terrible et quel dommage ! On reste franchement sur notre faim en espérant pouvoir recroiser la route du rockeur.
Bande d'originaux ! (2)
Bande d'originaux ! (2)
La déception à peine évacuée, nous nous dirigeons vers la Grande Scène où va s'ébattre la Bande Originale, une création spéciale 20 ans des Eurocks. De fines fleurs du paysage musical français revisitent l'histoire du rock. Assurément l'une des grosses attentes de ce vendredi, puisque se croiseront An Pierlé, Grand Corps Malade, Camille, Olivia Ruiz, Daniel Darc, Arno, Amadou et Mariam, Nosfell, Didier Wampas, Oxmo Puccino sous la direction des musicos de M, alias Bumcello désormais invités presque permanents du festival, de Vincent Taurelle de Air ou de DJ Shalom. Malheureusement la déception a été à la hauteur des attentes. Grand Corps devait être malade puisqu'il était absent, absent comme cette histoire du rock qui se perd entre pop, hip-hop, reggae et retrouve parfois sa route, presque par erreur. La voix d'Olivia Ruiz nasille désagréablement, Didier Wampas fait le con mais n'apporte pas grand chose, à part un peu d'énergie. Même un Nosfell barbu n'arrivera pas à imposer son style à ces créations en majeure partie ennuyeuses. Seul moment intense du concert : la reprise de Redemption Song de Marley par Daniel Darc, Didier Wampas et Nosfell. Une création assurément bien manquée.
Heureusement le moral repart de plus belle avec Comets On Fire qui sauront remettre le son des Eurockéennes dans le droit chemin. Vraiment la première claque de la journée, tellement bon qu'il n'y a rien à dire ! Si ce n'est que cet excellent set chevauche l'immanquable show de Massive Attack... Le choix est terrible et l'on doit quitter les Comets pour la Grande Scène où les Anglais vont mettre le feu et faire danser une grande partie des 30 000 personnes présentes. Un concert de Massive Attack est toujours un grand moment et c'est une nouvelle fois le cas à Belfort. On aurait envie que cela dure des heures, mais les bonnes choses ont une fin (et une durée, 1h20 de Massive Attack, c'est bien peu).
Bernard a peur (3)
Bernard a peur (3)
Encore pris dans la magie de Massive qui auraient dû jouer à la nuit tombée, nous nous laissons porter par la foule jusqu'au Chapiteau où elle se masse pour voir les Belges de dEUS, avec leur rock efficace. Une fois de plus, c'est une déception. On est loin d'être emporté par le concert et deux jours après le souvenir de dEUS s'est presque effacé, signe sans doute qu'il a manqué une certaine flamme. Au contraire de Ben Harper qui arrive à enchanter la Grande Scène avec sa lap-steel. On aurait aimé rester plus longtemps, mais l'appel du lit est plus fort que tout et nous laissons Ben Harper seul, ou presque. Et tant pis pour The Gossip que nous aurons manqué en 2006 et en 2008.
Le bilan de la première journée n'est pas à l'avantage des Eurockéennes. La déception est grande et les groupes vraiment pas à la hauteur des espérances. La faute sûrement à des choix contestables de notre part (La Bande Originale au lieu de A Place to Bury Strangers par exemple). La journée aura toutefois été « sauvée » par le show carré de Massive Attack, et les belles découvertes de The Mondrians et surtout Comets On Fire.

 

Samedi

Samedi va-t-il être une meilleure journée que vendredi ? Tout commence en tout cas largement mieux avec Xavier Rudd. Le drapeau aborigène s'étend sur la scène de la Plage, Rudd étant en effet originaire d'Australie. Côté musique, c'est une rencontre improbable, mais qui marche, entre des didjeridoos, guitares (électro-acoustique ou lap-steel encore), harmonica et percussions. Enfin quelque chose s'écartant du monde du rock tout en restant enthousiasmant dans ces Eurockéennes ! Un concert planant et enchanteur. Enchanteur ce n'est pas un qualificatif qu'on pourra coller à Generic qui gratifie le Club Deville d'un set rock-metal très intéressant. Un vainqueur de tremplin très convaincant.
Darc: sur la corde raide (4)
Darc: sur la corde raide (4)
Après la prestation sans sobriété de Daniel Darc avec la Bande Originale où il fut le seul à tirer son épingle du jeu, la curiosité guide nos pas sous le Chapiteau pour revoir ce gars aux tatouages évocateurs. Premier étonnement, il est très facile de s'approcher de la scène tant le public est dispersé. Pourtant le concert de Darc est sûrement le seul véritablement rock du week-end. Si être un rockeur, c'est prendre de la drogue, alors Daniel en est un pur jus. Les chansons s'enchaînent, et le Français se traîne de part et d'autre de la scène, titubant en chantant, chantant en titubant, toujours à la limite. Comment ne pas être subjugué par le charisme de l'ex-chanteur de Taxi Girl ? Par cette ferveur. Par cette voix cassée et magnifique. Et comment oublier l'arrivée de Pierre Le Bourgeois, violoncelliste âme-soeur de Nosfell, qui apporte la puissance de son instrument à un concert sans concession ? Daniel Darc, égal à lui-même, s'agenouillera devant les délires noisy de Le Bourgeois. Le fantasque Darc lira encore quelques extraits de la Bible, mettra en vrac guitares et batterie avant d'entonner une nouvelle fois Redemption Song, comme un prêtre décadent mais toujours croyant. Certainement l'un des concerts les plus mémorables du week-end.
Difficile de passer après le show de Daniel Darc. Même quand on s'appelle Camille. De Camille, on était resté sur la très belle prestation de 2006 en collaboration avec les Pascals. Elle était alors sous le Chapiteau, mais deux ans après, c'est sur la Grande Scène qu'elle s'invite. De fil (ahahaha) en aiguille, elle a fait son bout de chemin. Pourtant sa musique n'est pas de celles qu'on pourrait qualifier de commerciale tant elle est originale. Pour elle, aucun instrument ou plutôt plusieurs « instruments humains ». Pieds qui frappent le sol, mains qui tapent les thorax, claquements de langues et mugissements, le corps humain est l'instrument de Camille et de la troupe qui l'accompagne. C'est très bien foutu, Camille prend son pied, mais en fait on s'ennuie rapidement. Même la venue de Nosfell ne parviendra pas à sauver un concert long comme un jour sans pain.
Dreads, bloody dreads (5)
Dreads, bloody dreads (5)
Pause-repas nécessaire pour prendre des forces avant de voir Cavalera Conspiracy, c'est à dire le retour de la fratria Cavalera. Max et Igor, de Sepultura, de nouveau ensembles après une éclipse de plus de dix ans ! C'est un événement ! Les drapeaux du Brésil ont envahi la Grande Scène où Max éructe les titres comme personne. Les titres justement. Un peu de Conspiracy et beaucoup de Sepultura pour le plus grand bonheur des quelques fans qui se pogotent devant. Il faut dire que c'est jouissif de voir en live Roots, bloody roots, Biotech is Godzilla, Inner Self ou Refuse/Resist. Un des grands moments du concert sera la venue du fils de Max à la batterie pour deux titres (dont Troops of doom). Un gros bémol cependant sur le public, très peu présent devant les frères Cavalera et qui mettra même une grosse minute à comprendre ce qu'est un wall of death ! Un signe de ce qu'est devenu le festival des Eurockéennes peut-être.
Comme une confirmation, nous nous dirigeons vers le Chapiteau où s'agitent les Français de The Do. The Do, ou la sensation rock du moment. Celle qui passe sur à peu près toutes les radios. Le Chapiteau déborde comme rarement vu. Des dizaines et des dizaines de gamines sont montées sur des épaules, les mains frappent en choeur. L'ambiance est bon enfant, mais la musique de The Do manque d'âme. Encore un énième groupe rock qui sera oublié dans cinq ans. Voire avant.
Ce qui n'est pas le cas de Nick Cave qui hante les scènes depuis de longues années. S'il est à Belfort, ce n'est pas avec ses Bad Seeds, mais avec son projet Grinderman. Évidemment la Grande Scène est une nouvelle fois largement désertée. Pourtant le dandy dégingandé et ses acolytes proposent du rock, du vrai. Celui qui prend aux tripes et fait bouger la tête ! Aura-t-il mis le feu à autre chose que les premiers rangs devant lui ? Sans doute pas, mais il aura fait l'un des rares concerts vraiment marquants de la Grande Scène cette année.
Après Grinderman, le choix était plutôt délicat. The Wombats sous le Chapiteau ou Red Sparowes à la Loggia ? Par peur d'avoir une resucée de The Do, ce sont les Américains de Red Sparowes qui emporteront notre choix. Enfin un bon choix ! Deux guitares et deux bassistes pour un concert impressionnant de post-rock à forte tendance métallique. Les titres défilent presque sans pause, comme les images sur les écrans. Le spectateur est simplement ébahi devant cette puissance sonore et ce show impeccable.
Les oreilles pleines de soin, il est temps enfin de quitter le festival pour retrouver le bon lit douillet. Tant pis pour les punks de Fucked Up, et tant mieux pour N*E*R*D* dont quelques minutes suffiront à nous convaincre de l'intérêt du lit par rapport à un hip-hop qu'on oubliera rapidement.

 

Dimanche

Frais comme des gardons à peine tirés de l'eau, il est l'heure de retrouver Malsaucy pour ce dernier jour eurockéen. L'eau justement se déverse du ciel depuis le petit matin, parfois à verses. L'après-midi se déroulera en grande partie sous une pluie fine qui transformera la terre du site en cette fameuse boue rouge des Eurockéennes.
Séduis-moi (5)
Séduis-moi (6)
Les Allemands de The Seducers, au Club Deville, auront la primeur d'ouvrir cette dernière journée. Du rock entraînant, taillé pour la scène, pas original pour un sou mais bien efficace. On se dit que ce groupe mériterait d'avoir autant de succès que quelques-unes des dernières découvertes rock à la mode. À la mode est un terme qui ne peut convenir à Moriarty sous le Chapiteau. Le folk de ces Franco-Etatsuniens (produits par Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff !) a un charme désuet très agréable sur disque. Sur scène, on se croirait invités dans un salon des années 30. Entre kitsch et chaleur réconfortante, le décor est planté pour un voyage musical dans le passé. Et ça fonctionne superbement bien, le public est conquis. Les applaudissements crépitent sur le sublime Jimmy ou sur Private Lilly. Rosemary, vêtue d'une vieille robe des années folles, a vraiment quelque chose d'exceptionnel dans sa voix chaude. Et ce n'est pas la belle reprise d'Enjoy the silence de Depeche Mode qui nous fera dire le contraire. La musique de Moriarty touche au plus profond du coeur le plus endurci, en tutoyant la beauté des anges.
Garçon vacher (7)
Garçon vacher (7)
Nous quittons cet endroit douillet pour suivre les French Cowboy à la Plage. Des cowboys avec une casquette ? Oui pourquoi pas dans un concert plutôt sympa, mais qui ne restera pas dans les mémoires. S'ensuit un bref détour par le Chapiteau pour voir ce que donne MGMT. Une chanson ou deux, et on se sent pris d'envie d'aller voir autre chose. À classer dans les The Do et autres groupes rock, au son correct, aux compos accrocheuses mais avec un manque d'âme. Au contraire de Danko Jones à la Plage. Voilà enfin un groupe qui met de l'énergie dans son concert. Headbanging et bras levés sont au menu d'un bon rock énergique avec un chant qui rappelle immanquablement James Hetfield. Une des révélations de ce festival.
Rapide détour par Cali qui enflamme la Grande Scène pour cinq dernières minutes, plus proches de la musique de club que du rock, puis par les Babyshambles sous un Chapiteau où se masse à nouveau la foule. Un concert plutôt bon aux quelques échos recueillis. Mais c'est plutôt à la Plage que se dirigent mes pas avec Band Of Horses poussés par une réputation avantageuse. Complètement pop, le concert est bon, sans côtoyer les sommets. D'autant plus que la pluie va se mêler à l'affaire et que le groupe, trempé comme une soupe, va devoir écourter son set. On aurait aimé voir ce concert dans de meilleures conditions.
Une question vient alors à l'esprit : le reste de la soirée se déroulera-t-il bien ou la météo aura-t-elle son mot à dire ? En tout cas, la pluie n'a pas arrêté la foule gigantesque se presse devant la Grande Scène. Car le groupe qui va sévir sur la Grande Scène n'est autre que The Offspring. Un groupe que d'aucun considère comme has been, voire jamais réellement dans le coup, si ce n'est pour Smash. Le public est, en tout cas, présent, plus qu'on aurait pu l'imaginer et largement plus que le groupe. La scène paraît, en effet, presque vide avec une batterie, deux guitaristes et un bassiste. Le jeu de scène est moyen, la communication avec le public plutôt bonne (meilleure que pour leur concert lyonnais de 2001), le son est bizarrement fluctuant et la voix de Dexter Holland criarde et faiblarde. Tout était là pour que le concert soit mauvais. Mais quand on a des tubes aussi connus que Self esteem, Pretty fly (for a white guy) ou encore Come out and play, le reste importe peu. La foule entonne les hymnes à tue-tête, même les moins connus, du très punk Bad habit au plus calme Gone away. Certainement pas un concert exceptionnel, certainement pas un groupe exceptionnel, mais une bonne humeur omniprésente et rafraîchissante qui aura séduit une très grande partie des festivaliers.
Quelques minutes moyennes de la pop de Yeasayer, quelques secondes au loin de Gnarls Barkley, avant de nous diriger vers Battles. Comment expliquer le concert de Battles ? Le quatuor martyrise leurs instruments comme pour leur extirper leur plus profonde essence. Le tout se situe quelque part à mi-chemin entre un post-rock noisy et une techno dansante et dévastatrice. Un groupe qui mérite largement tout le bien qu'on entend d'eux. Et c'est assez rare pour le signaler.
Salut les amis (2)
Salut les amis (2)
Nous quittons la Loggia pour la dernière fois de la saison avant de nous attarder sur la Grande Scène. Car le choix est cornélien. Moby sur la Grande Scène ou Ez3kiel à la Plage ? D'un côté, Moby est un des grands papes de l'électro mondiale, et ces Eurockéennes sont l'une des seules chances de le voir sur scène. De l'autre côté, Ez3kiel est un des grands groupes français du moment, aux shows épileptiques et cataclysmiques, mais qu'on a déjà vu une fois cette année ! De plus, la présence de Nosfell sur le site vendredi et l'arrivée impromptue de Pierre Le Bourgeois au concert de Daniel Darc samedi, nous fait espérer le retour de la création 2005. Le dilemme est cruel, mais nous décidons de nous approcher de Moby. Une intro longuette, et un premier titre tout aussi pénible, avec en prime un rythme techno assez lassant, nous font quitter la Grande Scène pour nous couler dans la chaude ambiance de la Plage. Ez3kiel est là et bien là avec son set dévastateur, oscillant toujours entre pure beauté et violence non maîtrisée. Le concert est visuellement beaucoup moins réussi qu'en salle, mais le groupe reste l'une des grosses valeurs de la scène française.

 

À la lecture de cette review, il apparaît évident que cette version 2008 des Eurockéennes était, comme on avait pu le craindre au départ, bien faible. Certes, quelques groupes ont réussi à tirer leur épingle du jeu, mais c'est plus qu'un mauvais goût qui reste dans la bouche.
Les raisons de cette baisse sensible de la qualité sont sûrement multiples. Le prix demandé par la majorité des groupes a explosé depuis l'arrivée du téléchargement pirate de masse (parait-il). La concurrence en France était assez terrible pour cette journée (Solidays à Paris, Main Square Festival à Arras). Mais surtout il est largement plus « rentable » de programmer Cali sur la Grande Scène que Nick Cave ou les frères Cavalera. Le dimanche est en effet le jour qui s'est retrouvé sold out le plus rapidement, plusieurs semaines avant l'ouverture du festival. Sans doute le quadruple effet Babyshambles, The Offspring, Cali et Moby. Car, malgré la pauvreté relative des concerts, le site a été complet sur les trois jours.
Pour notre part, découvrir des groupes comme Danko Jones, Battles, Red Sparowes ou Grinderman a été une bouffée d'oxygène au milieu des déceptions comme Camille et surtout la Bande Originale. Mais quand on pense qu'il y a dix ans, les Eurockéennes programmaient Iggy Pop, Portishead, Rammstein, Suicidal Tendencies, Morcheeba, Prodigy et Underworld, on se rend compte du chemin parcouru par le festival... dans le mauvais sens. A moins qu'on ne soit devenus de vieux cons, juste bons à ressasser que c'était mieux avant.

 

Photos sous Licence Creative Commons disponibles ici :
1) Vincent Courtois
2) Vincent Gable
3) Monet
4) Nicolas Dormont
5) Emilie Bourquin
6) Francis Monet
7) Fabien Maisonneuve