4/10Exposition Miyazaki/Moebius - Paris

/ Critique - écrit par Jade, le 15/01/2005
Notre verdict : 4/10 - Une rencontre fracassante (Fiche technique)

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Quelle excellente idée que cette exposition réunissant des oeuvres inédites de deux dessinateurs aussi prestigieux que Hayao Miyazaki et Moebius ! L'affiche placardée dans toutes les allées du métro parisien laisse présager une mise en perpective de leurs deux univers si particuliers, un bonheur pour les fans comme pour ceux qui aimeraient les découvrir.

Le japonais Hayao Miyazaki est dessinateur, animateur et scénariste de ses propres dessins animés, qu'ils soient de courts, longs ou moyens métrages. Il débute avec des séries comme Sherlock Holmes ou Conan, le fils du futur, puis fonde les studios Ghibli avec son ami Isao Takahaka, à qui l'on doit notamment Le Tombeau des Lucioles. Il se fera connaître en France avec Princesse Mononoké et Le Voyage de Chihiro. Ses dessins animés sont avant tout destinés aux enfants, par leur coté profondément onirique. Cependant, ils peuvent prétendre viser un public bien plus large, ne serait-ce que par leur profonde beauté.
Le français Moebius, alias Jean Giraud, est quant à lui dessinateur de l'Incal, de Blueberry, touche à tout invétéré. Il s'essaie au cinéma en dessinant les décors et les costumes délirants du Cinquième Elément, mais aussi au jeu vidéo. Son style très fantastique le rapproche de celui de Miyazaki, avec un aspect peut-être un peu plus adulte.
Ils se sont déjà rencontrés en 1987. Mais tout deux se vouent une admiration réciproque depuis des temps immémoriaux, au point que Moebuis ait appelé sa fille Nausicaa, en référence à Nausicaa de la Vallée du Vent, premier long-métrage de Miyazaki.

Le but de cette exposition est de révéler comment les deux auteurs se sont influencés l'un et l'autre, et de faire ressortir des thèmes communs à leurs travaux.
Hélas, une fois sorti de cette exposition au demeurant assez courte, l'on ne peut prétendre en avoir appris beaucoup sur le sujet.
Au fil des quelques salles qui composent l'exposition, des panneaux explicatifs mettent effectivement en relation les oeuvres des artistes : amour de la nature, goût pour les engins volants au design futuriste, passion pour le fantastique et le merveilleux... Une initiative plus qu'intéressante... Si seulement elle avait été poussée jusqu'au bout ! Le public est laissé à admirer des jolis dessins, et l'explication s'arrête là. On aurait préféré une étude plus approfondie et des comparaisons concrètes, car d'une part, ceux qui ne connaissent ni Miyazaki ni Moebius seront complètement perdus, et d'autre part, les connaisseurs n'apprennent rien de bien transcendant. Pire que tout, cela fait ressortir le coté purement racoleur de l'exposition, donnant une réelle sensation de bâclé au public qui se retrouve fortement lésé à l'idée d'avoir pu dépenser 8 euros pour l'entrée.

"Au moins, on admirera de sublimes dessins inédits", pourrait-on penser. Grossière erreur : sachez qu'une bonne moitié des oeuvres de l'exposition ne sont autres que de simples images de films d'animation et de bandes dessinées, accessibles dans toute grande surface ou librairie, et certainement pas exclusifs à l'exposition.
De même, les citations de Miyazaki ou Moebuis disposées un peu partout semblent n'avoir aucun but réellement constructif, à moins que les organisateurs n'aient pensé impressionner le public par la profonde réflexion suggérée par lesdites citations.

Reste l'appât principal : les dessins réellement inédits prêtés par les deux artistes, tirés de leur "collection privée". Les nombreux travaux préparatoires, story-boards et ébauches sont une authentique mine de renseignement pour tous, (les plus observateurs auront noté le ‘femme de ménage 15h-17h30' sur un dessin préparatoire de Moebius pour Alien), et source d'admiration pour quiconque s'intéresse un tant soit peu au dessin et à l'univers des deux dessinateurs (les travaux sur le Voyage de Chihiro sont à cet égard très intéressants). Au public seul de faire le lien entre leurs deux mondes, chose qui peut se révéler parfois laborieuse devant l'affluence de visiteurs, et la disposition hétérogène des oeuvres.

Au final, bien peu de chose à se mettre sous la dent par rapport à ce que l'on était en droit d'attendre, ce qui laisse le temps d'admirer les sublimes fresques du plafond de la Monnaie de Paris, et de se rendre compte à quel point le lieu est mal choisi pour cette exposition.