10/10La Galleria degli Uffizi - Florence

/ Critique - écrit par Lilly, le 07/01/2006
Notre verdict : 10/10 - Collection (Fiche technique)

Coffre fort de joyaux éminemment précieux, la galerie des Offices apparaît avant tout comme imprenable. Après 1h30 d'attente dans le froid de l'hiver, certes toscan, mais pas moins rude, on franchit laborieusement différentes étapes de pillage, billetterie, audioguides, avant d'atterrir aux fouilles. A Florence, tout est payant, à Florence tout est sous haute surveillance. Mais Florence est une reine de beauté, et ses oeuvres méritent bien cette concentration de paranoïa humaine.

Le musée est l'un des plus prestigieux d'Italie, et du monde. Il étale ses richesses du XIIIe au XVIIIe mais s'impose surtout comme le fleuron de l'époque grandissime de la Renaissance, offrant à nos pauvres yeux novices les oeuvres de plus grands maîtres de l'époque. La vaste galerie ouvrant ses fenêtres sur une très belle vue de Florence dessert plus d'une quarantaine de salles, rivalisant de luxe.
Les premières salles de ce majestueux musée des Offices figurent les prémices de la Renaissance. Le musée peut se targuer ici de posséder par exemple une des oeuvres les plus réputées de Cimabue. Les poses sont encore figées en 3 quarts face, les positions frontales, les personnages, bibliques majoritairement, sont plats et sans perspective, l'or vient toujours relever la peinture comme marque de son propre faste mais déjà des expressions se dégagent des regards. Que l'on apprécie ou non ce type de peinture, on ne peut attester que d'une grande beauté.


Puis viennent les salles consacrées à la Renaissance à proprement dit. Ce sont les débuts de la perspective, un travail plus fin sur la lumière, une individualisation des expressions des hommes. On retiendra de grands noms tels Piero della Francesca ou Filippo Lippi jusqu'à arriver les yeux ébahis devant Botticelli. Les poses sont de plus en plus souples, les couleurs - surtout celles des oeuvres restaurées- resplendissent, les corps sont plus charnels, les sujets sont toujours mythiques ou religieux mais pourtant les questionnements de l'homme transparaissent et la sensualité des oeuvres est parfois frappante.
On se référera alors à la belle Vénus toute en chair naissant des eaux (ci-dessus) ou au Printemps où les 3 Grâces sensuelles à souhait dans leurs robes transparentes échangent regards et caresses compromettants.(ci-contre)

Puis c'est au tour du grand Leornado da Vinci et de ses successeurs de nous en mettre littéralement plein les yeux. La composition s'enrichit, les paysages gagnent en profondeur et les personnages s'épaississent psychologiquement. La perspective est désormais maîtrisée et chaque personnage conte son histoire propre portant dans son regard espièglerie ou mélancolie, les corps s'animent, le mouvement est rendu remarquablement, la chair se modèle... la vie est insufflée par la peinture.
Quand vient Michel-Ange et le Cinquecento, les techniques de perspective et lumière sont largement maîtrisées. On restera alors marqué par La Sainte famille avec saint Jean-Baptiste enfant, jeu de regards, de lignes, de poses, de drapés, somptuosité des corps, luminosité des couleurs, ce tableau est exemplaire d'harmonie et d'expression. Notons que le paysage est ici simplifié par rapport à Léonard, les personnages sont plus humains encore.
Cette rapide évolution de l'histoire de l'Art sous la Renaissance se prolonge dans les salles suivantes avec les oeuvres de Raphaël ou du Titien, avec cette splendide Vénus d'Urbin, qui va jusqu'à l'érotisme.

Le musée nous achèvera par un déferlement d'oeuvres phares de Velázquez, Rubens, Rembrandt et Caravage. Tour à tour grandioses, complexes, torturées, historiques, les toiles se diversifient, les styles se distinguent, les expressions du visage et des corps s'affinent toujours, pour notre plus grand plaisir.

Nul besoin d'être initié pour jouir de l'exceptionnelle beauté des oeuvres de la Galerie des Offices, et pourtant on regrettera toutefois que le musée compte exclusivement sur les toiles pour communiquer avec le public : toute explication est payante (audioguide ou guide papier), les cartels sont peu visibles et incomplets, serait-il tellement coûteux d'éclairer en une phrase le visiteur à l'entrée de chaque salle ?