10/10Initiation au parapente

/ Critique - écrit par Jade, le 03/07/2004
Notre verdict : 10/10 - Ballet aérien (Fiche technique)

Tags : parapente stage vol initiation vols ecole materiel

Les préliminaires

La Suisse est décidément un endroit merveilleux. On ne dirait pas comme ça, mais ce pays est le bonheur du sportif accompli. Je ne pense pas forcément aux immenses complexes sportifs accessibles au public, mais surtout au relief même qui favorise le sport en plein air.
C'est pourtant en France voisine que l'on préférera s'initier au parapente (question de prix). On pourra faire un simple trajet en compagnie d'un animateur, pour une journée. Du tourisme en somme. L'intérêt est très limité, car le fait de ne pas pouvoir voler de ses propres ailes enlève bien du plaisir et des émotions au vol. D'où le stage d'initiation, qui, en une semaine (14 demi-journées), vous permet de vous initier aux joies du parapente en indépendant.
Voler de ses propres ailes, c'est un rêve qui ne deviendra pas réalité en trois minutes. Il faudra avant cela une initiation aux bases du parapente qui se révèleront très utiles une fois en l'air. Mais l'on apprend aussi comment fonctionne un parapente, et toute la culture générale qui en découle, afin de s'envoler moins bête. On passe ensuite à l'entraînement pratique : s'entraîner au décollage, qui avec l'atterrissage, est la partie la moins évidente pour le débutant. Faute de pouvoir s'entraîner à l'atterrissage (logique), on apprend les plans de vols de base pour atteindre la piste, sachant que l'on sera du début à la fin guidé par radio. Après tous ces préparatifs qui prendront environ 3 ou 4 jours au débutant de base, on se prépare pour le premier vol.

Décollage

Le premier vol est toujours une expérience quelque peu stressante. Comme je l'ai dit plus haut, le décollage n'est pas la partie la plus facile, et le facteur vent influe énormément sur le taux de réussite. Au signal du moniteur, qui observe le sens du vent à l'aide de la fumée d'une cigarette stratégiquement placée entre ses mains, on tirera la voile de toutes ses forces. C'est dans ces moments-là que l'on se demande, le coeur battant, si la voile est bien dépliée, ou si l'on a bien démêlé tous les fils (un des plus grands facteurs de mortalité). On n'ose pas vérifier, le regard fixé sur le terrain s'affaissant peu à peu jusqu'à disparaître vers le néant. Même si l'on sait que la pente sert juste à gagner assez de vitesse pour que la voile nous porte, on se demande s'il est dans nos principes de courir ainsi vers le vide. Soudain une voix souffle "Vas-y", et presque impulsivement, on se rue vers le bord de la montagne tel un lemming fou. Tout de suite, le poids de la voile se gonflant d'air se fait sentir de manière imposante. On la sent monter peu à peu pour venir se placer au dessus de la tête. Et là, on quitte peu à peu le sol, porté par la voile. Après s'être assis et remis des premières émotions, on s'assoit dans sa sellette, et l'on regarde le paysage. On bat des pieds avec allégresse : le sol est à un peu plus de 1000 mètres de hauteur. L'émotion indescriptible de se sentir comme un électron libre au milieu d'un paysage somptueux est absolument inoubliable. On a du mal à réaliser que l'on est suspendu en l'air, et le quart d'heure du premier vol passe à une vitesse tellement grande que bien vite il appartiendra au domaine du passé. Mais les souvenirs de cette expérience sont, quant à eux, d'une actualité surprenante. On se rappelle encore et toujours de quelle manière le monde apparaît si différemment de tous les jours. Les plus grands édifices sont minuscules, les voitures sont des points en mouvement. On regarde le monde dans lequel on vit, tout en en étant complètement en dehors. Le seul bruit que l'on entende est le bruissement de la voile sous le vent et la radio (que l'on écoute à peine). On relâche peu à peu les freins de la voile qui s'aplatit au fur et à mesure que le parapente prend de la vitesse. On n'ose pousser le jeu trop loin, de peur que la voile ne décroche, bien qu'entendre et sentir l'air s'engouffrer de plus en plus vite dans les cellules de la voile ait un petit quelque chose de fascinant.

Atterrissage

Petit à petit, on s'aperçoit que le sol se rapproche. On commence à entendre le bruit de la circulation, le monde "d'en bas" redevient une réalité et non plus un rêve distant. On se met à chercher des yeux la piste d'atterrissage, vers laquelle on se dirigeait en suivant les autres parapentes. Soudain on l'aperçoit. On comprend pourquoi on ne l'a pas aperçue du premier coup : elle est terriblement petite (et la plupart du temps bordée d'arbres). On est guidé dans la démarche d'approche et d'atterrissage par un moniteur consciencieux, mais le sol et les arbres se rapprochent avec une rapidité croissante. On essaie de suivre les instructions malgré une panique grandissant de manière inversement proportionnelle à la distance entre la terre et soi. Sur ordre du moniteur, on se sort de la sellette, on monte les bras lentement mais fermement afin que la voile s'ouvre à son maximum lorsque l'on touchera le sol. Une fois à terre, on freine la voile tout en continuant à courir. Elle vient se poser doucement à terre. Premier vol réussi.

Après

Le débutant moyen pourra faire 4 ou 5 vols durant le stage d'initiation mais il n'y a pas de limite stricte. Il pourra faire l'expérience de la vie de parapentiste pendant les jours qui lui restent de son stage. Les conditions météo sont ce qui régulent le rythme des vols. Autrement dit, on peut très bien voler une fois, puis attendre trois heures avant le prochain vol. Il faut être patient pour pratiquer le parapente, ne serait-ce que pour attendre les autres qui volent en même temps que soi. Le parapente peut se pratiquer à partir de n'importe quel âge, même s'il est conseillé d'avoir une vingtaine d'années passées pour commencer. Mais, à nouveau, il n'y a pas de limites, la preuve : mon stage d'initiation remonte à mes 15 ans.