Clémence Savelli - Concert à la Cave dans l'Escalier - 30 décembre 2006
Sortir / Critique - écrit par wqw..., le 01/01/2007 (Tags :
Le cadre est intime et sympathique, et ce soir a séduit quelques touristes américains en mal de cachet parisien. Bien avisés puisque le tour spectacle s'intitule Paris-Terminus...
Perdue dans les escaliers qui mènent au Sacré-Coeur, La Cave dans l'Escalier est une salle microscopique (une quinzaine de places assises sur différents types de supports) et sombre dans laquelle on entre un peu gêné, après avoir poussé une porte difficile, comme si sans y être invité, on s'introduisait chez un particulier. Et pour cause, le lieu a été longtemps habité notamment par la chanteuse Lucienne Boyer, interprète de Parlez-moi d'amour que Jean Lenoir lui avait écrit en 1930...
Clémence SavelliAutre époque, autre interprète, Clémence Savelli est une habituée de l'endroit. Elle accueille d'ailleurs les spectateurs avec son pianiste Pascal Pistone, offrant quelques rafraîchissements avant le spectacle. Le cadre est intime et sympathique, chose qui ce soir a séduit quelques touristes américains en mal de cachet parisien. Ils ont été bien avisés puisque le tour de chant que Clémence propose s'intitule Paris-Terminus, parcours d'une jeune provinciale montant à la capitale... Le noir se fait et passant un rideau de velours rouge, Clémence Savelli s'avance chapeau vissé sur ses boucles blondes.
Le timbre est séduisant, les lignes de chant jouent avec les tonalités dans des exercices parfois périlleux, surtout avec une angine, mais l'interprète maîtrise son répertoire dans une mise en scène amusante. En effet, le spectacle joue non seulement sur les lumières mais également sur toute une série de séquences vidéos qui mettent souvent en scène le pianiste. Ici en psy, perruque folle, il pousse l'interprète à un travail introspectif, cherchant dans l'enfance les origines de son caractère de P'tit mec qui démembre sa poupée (aussi bien en chanson que sur scène), une petite fille parmi tant d'autres Enfants de divorcés... avant l'arrivée à la grande ville.
Clémence SavelliSi Clémence Savelli utilise les clichés d'un Paris de carte postale, c'est pour mieux jouer avec, les détourner et parfois même critiquer « ces parisiens... que j'aime tant » Côté arrangements, on pense à Michel Legrand, Eric Satie, Yann Tiersen mais surtout beaucoup de musiques de films muets : expressionnisme, dissonance, clin d'oeil. Passé les jolis monuments, les premières découvertes, on s'enfonce rapidement dans l'ombre grouillante de la Grande Dame. Emmené par un Pascal Pistone sous les traits d'une vieille prostituée qui le temps d'un verre vous raconte ce que c'est que la vie, on se plonge dans la luxure d'un Pigalle en rut sur un enchaîné de clichés de sex-shops, boîtes à partouze et autres parties fines... La douleur du plaisir sous anonymat garanti et grande cavalcade.
Quelques chansons d'amour pas toujours rose (L'amour, c'est provisoire, Salaud de bonheur...) et puis s'en va. En rappel, deux chansons du prochain spectacle, Révolution, au caractère plus social et qui laisse en tout cas présager de jolies choses. Une raison de plus pour revenir à la Cave dans l'Escalier... et ailleurs.