5/10David Lynch - The Air is on Fire

/ Critique - écrit par riffhifi, le 10/05/2007
Notre verdict : 5/10 - David chie code (désolé) (Fiche technique)

Tags : exposition art paris artiste fondation lynch musee

On connaît David Lynch cinéaste (Elephant Man, Lost Highway, Mulholland Drive), on connaît David Lynch téléaste (Twin Peaks), mais on ignore qu'il travaille également d'autres supports. Cette exposition est l'occasion de découvrir qu'il travaille vraiment TOUS les supports (on aura l'occasion de les détailler), et qu'il se fait un plaisir d'offrir au curieux la totalité de ses créations, aussi insignifiante soit-elle.

Soyons fous, lançons-nous dans la liste de ce que l'on peut trouver dans l'expo : dessins (tous formats, crayon, stylo bille, feutre), photos (couleur, noir et blanc, retouchées ou pas), peintures (avec ou sans ajouts de matières et matériaux divers), sculptures, vidéos filmées, vidéos d'animation et musiques. Autant dire que David Lynch l'artiste torturé aime à se considérer comme une sorte de touche-à-tout comme Cocteau. Mais à vouloir faire de tout, et surtout à vouloir tout montrer (de ses 18 ans à nos jours !), il s'égare et égare le spectateur.

Commençons par les dessins : dans l'ensemble, c'est du foutage de gueule. Sérieusement, le niveau de ses gribouillages évoque au mieux un Tim Burton paresseux, et au pire les graffitis que l'on fait lors d'une conversation téléphonique. Ce n'est pas une attaque perfide, mais une simple constatation : une pièce entière est consacrée à ses notes personnelles du style « penser à appeler Machin », suivi de son numéro, ou encore « Peg, réveillez-moi à 9h30 - David ». Les graffitis s'étendent sur du papier à lettres, des feuilles de bloc-notes, des post-it, du sopalin, des boîtes d'allumette, du papier toilette (!), des sacs à vomi (!!), et j'en oublie sûrement. Autant dire que chacun d'entre nous doit avoir une collection comparable à la maison.

Les photos sont déjà plus intéressantes : certaines reproduisent de façon notable les ambiances oniriques d'un Mulholland Drive, la série des bonshommes de neige se regarde sans déplaisir et ses nus trafiqués, bien que sentant parfois le bidouillage Photoshop peu glorieux, génèrent tout de même une ambiance malsaine plutôt réussie.
Passons rapidement sur les sculptures, qui se limitent grosso modo à deux sièges en plâtre, et voyons ce que réservent les vidéos. Certaines datent de la fin des années 60, quand Lynch n'avait qu'une vingtaine d'années ; d'autres datent de 2002. Parmi ces dernières, on trouve une lamentable série d'animation en 8 épisodes appelée Dumbland. Vulgaire et dessinée avec les pieds, elle ne décolle que rarement, faisant penser cette fois à du Bill Plympton paresseux...

La partie la plus intéressante est sans nul doute le coin des tableaux. Ceux-ci sont constitués non seulement de peintures, mais également de photos déformées ou découpées, de glaise, de matériaux mystérieux et souvent peu appétissants, de vêtements amidonnés, de chewing-gums, de pièces, de n'importe quoi en fait pourvu qu'une fois assemblés les éléments puissent donner vie à la vision cauchemardesque de Lynch. Ces oeuvres dantesques sont la meilleure expression de l'imaginaire de Lynch, et la seule vraie marque de créativité que l'on puisse trouver dans l'exposition. Leur vision est accompagnée d'une musique obsédante signée bien entendu par le David omniprésent.

Alors faut-il vraiment se déplacer ? Oui, si on désire explorer l'esprit de David Lynch, sans espérer cependant y trouver un rapport direct avec ses films. Mais une bonne partie de l'expo peut être considérée comme un pur remplissage, déballage de vieux cartons par un homme un peu fat qui confond « touche-à-tout » avec « artiste complet ».