7/10Les Nuits de Feu de Chantilly

/ Critique - écrit par Ichabod, le 06/10/2004
Notre verdict : 7/10 - L'organisation (Fiche technique)

Direction : Chantilly

Vendredi 18/06/2004, 20 heures 30... Le flot des voitures avance doucement, suivant la seule route encore ouverte dans le coin. Après s'être garé là ou il restait de la place, la file des voitures est subitement remplacée par une marée humaine, avançant petit à petit vers l'entrée du château de Chantilly.

Oui, parce que j'ai oublié de le préciser, mais c'est à Chantilly (Oise) que tout ce petit monde se rendait le vendredi 18/06 (ou le samedi 19/06), pour assister aux 14èmes nuits de Feu. Ce concours de feu d'artifice qui a lieu tous les deux ans rassemble des artificiers venus du monde entier (cette année Autriche, Belgique, Espagne, Italie, Suisse, France, Portugal) et décerne au terme des deux jours le « Bouquet d'or ». Un jury composé de célébrités (plus ou moins connues il faut l'avouer) est chargé de départager les 8 concurrents.

Le grand concert dans le ciel

Pour que la compétition soit équilibrée, des contraintes identiques sont imposées aux artificiers. Cette année il s'agissait de réaliser un spectacle de 12 minutes minimum, basé sur le thème de l'architecture. Durant cette prestation , devaient se retrouver :

  • une partie de deux minutes sans musique
  • un tableau de chandelles romaines d'une minute trente
  • deux minutes sur la musique The great gig in the sky (Pink Floyd)

Le concours se déroule sur deux jours, et comporte quatre participants par jour. Un feu de jour est tiré avant le début de la compétition, ainsi qu'un feu permettant d'expliquer les diverses techniques à apprécier pendant le concours. Après les représentations, un dernier feu est tiré, créé par le vainqueur de l'édition précédente.

Voilà pour les présentations. Passons maintenant aux choses sérieuses...

Bémols

On va commencer par le moins bon, à savoir l'organisation. Si je n'ai rien à lui reprocher dans l'ensemble, quelques points noirs sont quand même au rendez-vous. Le plus important d'entre eux, c'est le problème du parking. Je sais, on n'invente pas les places de parking. Je sais, les bénévoles et la gendarmerie ont fait un travail remarquable, gérer autant de voitures relève de l'exploit.

Mais pourquoi, pourquoi, pourquoi n'avoir fait qu'une entrée et qu'une sortie. Pour avoir quitté le feu d'artifice après quelques minutes, on s'est retrouvé dans les derniers concurrents sur la grille de départ, et autant dire qu'on a fait du surplace pendant plus d'une demi-heure. Bon, je râle, mais je me demande encore pourquoi ne pas avoir fait plus d'une sortie.

Mis à part ce problème de parking et le fait que chaque spectateur une fois assis disposait au maximum de 50 centimètres carrés au sol, j'ai assisté à quatre feux d'artifice comme jamais je n'en avais vu.

...et ça fait boum boum dans les oreilles (à votre bon coeur, mesdames et messieurs, à votre bon coeur ou pas, c'est pareil)

Je m'attendais à quelque chose de beau. Mais deux des artificiers participant au concours m'ont littéralement soufflé, tant leurs douze minutes étaient magnifiques.

Le premier en composant sur le thème de l'apparition de la vie, a fait en sorte que certaines de ses bombes ressemblent à des arbres. C'était tout simplement hallucinant, on avait l'impression que la végétation poussait en accéléré sous nos yeux. Un autre moment a vu se succéder des explosions plus petites, mais synchronisées avec des piaillements d'oiseaux, à la seconde près. La principale force de ce feu d'artifice était qu'on avait réellement l'impression d'assister à la naissance de la terre, l'apparition de la vie et finalement de l'architecture humaine.

Le deuxième concurrent qui m'a impressionné a su lui utiliser la musique à son avantage. Outre le thème des Pink Floyd obligatoire, il a choisi de ne passer que du Brel. Tout simplement magnifique, la musique collait parfaitement aux tirs, et chaque tableau nous épatais encore plus que le premier.

Les deux autres concurrents ne sont pas en reste, mais des défauts ont fait que leur douze minutes m'ont moins marqué. L'un utilisant efficacement ses bombes, n'aura pas su trouver la musique en adéquation avec le spectacle; l'autre a lui choisi des thèmes somptueux 100% Pink Floyd (Money - Time - The Wall - The great gig in the sky), mais les tirs étaient beaucoup moins impressionnants.

Autant vous dire, maintenant que j'ai vu ces nuits de feux, les autres feux d'artifices me semblent fades. C'est un vrai plaisir pour les yeux, et on ne s'ennuie pas pendant les deux heures du spectacle (quelques minutes de pause sont nécessaires entre deux tirs pour éteindre les débuts d'incendie potentiel). Le parc du château de Chantilly se prête parfaitement à ce genre d'événement, le lac reflétant les myriades d'étincelles qui ont envahi le ciel. Pour terminer, sur une note personnelle qui ne vous apportera sans doute rien, le vote du public de la soirée a donné gagnant le tir qui m'avait le moins plu, celui qui n'était pas en adéquation avec la musique. Petite déception comparée au spectacle...