Le prix de l'ascension

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Cynique et mordante, cette pièce est une parfaite analyse des rapports de l'homme avec le pouvoir et comment il peut se laisser dévoré par l'ambition. A voir sans hésitation !

Résumé :

Qu’il soit idéalisé ou caricaturé, le pouvoir fascine, attise les convoitises. Suivez l’ascension de deux jeunes énarques dans cet univers impitoyable.
Fils de haut fonctionnaire, Laurent est arrogant, vit sous les dorures, et pense qu’un ticket de métro coûte 8 euros ! Il va découvrir qu’il y a une France au delà du Périph’, là où les caméras ne vont pas.
Brice, étudiant brillant d’une famille modeste, débarque avec ses convictions et ses costumes trop grands. Entre esprit réformateur et pragmatisme, il va surtout devoir s’imposer pour survivre dans l’adversité.

D’assistant à conseiller, de candidat à décideur, chacun d’eux aspire à devenir celui qui compte.

Notre avis:

Cette pièce est classée comme politique mais pourrait décrire le monde de l'entreprise ou tout autre domaine où des rapports de pouvoir s'exercent.

Nous suivons ici l'ascension de deux énarques bien différents au début: Laurent arrogant comptant sur son père pour arranger ses affaires et Brice, pur produit de la méritocratie. Le public les suit tout au long de leurs carrières (maire, député, ministre pour l'un) ou bien auditeur puis responsable du Grand Paris pour l'autre, et les voit évoluer, se transformer en êtres cyniques, dévorés par le pouvoir, prêts à tout pour réussir, même à se renier.

Le texte est très précis et documenté. Les auteurs ont su analyser les discours de nos élites et des communiquants et cela fait froid dans le dos. Les réflexions, idées et mots fusent, notamment lors d'un duel télévisé que l'on souhaiterait acheter le livret à la fin de la pièce pour relire l'ensemble au calme et prendre le temps d'analyser les idées développées.

DR.

La pièce est originale car elle est finalement apolotique. Elle ne se concoit pas comme un brûlot contre tel ou tel parti mais comme une étude de l'humain, lorsqu'il s'oublie. La pièce n'est pas légère mais heureusement, offre de jolis moments d'humour (ah le discours sur la potée dans la Creuse ou bien le fonctionnement des subventions à la culture).

Les deux protagonistes, également auteurs de la pièce, habitent totalement leurs personnages et affichent un jeu d'une maîtrise rare.

La mise en scène est sobre et efficace: quelques décors mobiles ou bien changements de costumes devant le public pour symboliser les ruptures de lieu ou de temps. Mention spéciale aux discours avec les voix off derrière, drôles et mordantes à la fois.

En somme, le "Prix de l'ascension" est une réussite d'écriture et de réflexion sur le rapport de l'homme avec le pouvoir et comment il peut se laisser corrompre. Cinglante et utile à la fois. Une vraie leçon à ne pas manquer.

DR.

Informations pratiques:

Au Théâre des Béliers, Avignon.

Du 7 au 29 juillet – Relâches les LUNDIS 10, 17, 24 – Salle 2

De et avec : Antoine Demor, Victor Rossi