Salon du Livre 2008 - Soirée d’inauguration du 13 mars

/ Preview - écrit par riffhifi, le 14/03/2008

Israël invité d'honneur ? Beaucoup de bruit pour rien en fin de compte : le Salon du Livre 2008 ressemble comme deux gouttes d'eau aux éditions précédentes.

Pour sa 28ème édition, le Salon du Livre de la Porte de Versailles a choisi de mettre Israël à l'honneur en le consacrant "thème officiel". En raison de la situation politique du pays, la controverse qui en résulte est violente : à la soirée d'inauguration d'hier, des manifestants armés de porte-voix étaient postés à l'entrée et scandaient « Boycott d'Israël au Salon du Livre ! » tandis que les multiples agents de sécurité ouvraient l'œil avec circonspection.

L'impact du thème sur le Salon n'a pourtant rien de prépondérant ; on remarque d'ailleurs que pas un éditeur n'a annulé sa présence au Salon pour raison de divergence politique... Si une partie du Parc des Expositions est effectivement consacrée à la littérature israélienne, on compte presque autant de stands de littérature régionale française par exemple (ah, les fameux éditeurs alsaciens ou bretons qui viennent présenter leurs bouquins locaux au Parisien perplexe...).

Pour le visiteur néophyte, rappelons ce qu'on trouve au Salon du Livre : des stands tenus par des éditeurs littéraires, qui proposent leurs dernières nouveautés et des séances de dédicaces d'auteur. L'espace est donc essentiellement rempli de livres : romans, biographies, beaux livres, bandes dessinées, guides... Tout la littérature est présente, des plus gros éditeurs aux tous petits. Une quantité raisonnable de magazines se fraient une place (Télérama, Pif Gadget...), ainsi que quelques stands inattendus (CD, DVD) qui font de la résistance. La répartition est tout sauf aléatoire : les gros, au centre, sont immédiatement pris d'assaut (d'autant plus qu'hier, ils étaient les principaux fournisseurs de champagne et de petits fours), tandis que les indépendants se retrouvent dispersés en périphérie, mendiant péniblement l'attention. Ainsi, pour prendre l'exemple de la bande dessinée, les Dargaud, Dupuis, Casterman, Delcourt se retrouvent groupés dans le hall T, tandis que les éditeurs alternatifs se retrouvent n'importe où : les Requins Marteaux au Far-West, Ego Comme X et Cambourakis en Extrême-Orient...

De toute façon, les habitués le savent : même au pas de course, il ne faut pas espérer faire le tour de tous les stands en moins de trois heures. Il paraît même qu'en moyenne, le visiteur du Salon du Livre y reste six heures ! Six heures debout, dans le bruit et la foule, c'est vraiment pour amortir le prix de l'entrée... Parce qu'aussi riche que soit le salon, on en sort presque aussi exténué que d'un concert de heavy metal (et je ne parle que de la soirée d'inauguration,
supposément réservée à une poignée d'élus). On est loin du calme quasi-hypnotique des bibliothèques ou des librairies. Pour aider le visiteur à naviguer entre les stands sans y passer la journée, six parcours astucieux sont proposés (en plus de l'indispensable plan des exposants) : Grands débats, Numérique, Bd/manga, Jeunesse, Régions et Sciences. On aurait pu sans doute espérer d'autres axes de visites, mais ne faisons pas la fine bouche et apprécions ce bel effort.

En plus des séances de dédicaces (voir la liste), des quelques animations comme le "speed booking" qui permet aux auteurs de bd de présenter leurs projets aux éditeurs en 5 minutes et de la partie consacrée à Israël (chut ! faut pas le dire, ça attire les bombes), le Salon accueille une exposition dans le hall A consacrée aux 25 ans du Chat de Philippe Geluck, pendant que Dupuis célèbre les 70 ans de Spirou en offrant de chapeaux de groom (en carton relativement moche, rassurez-vous).

Au rayons des curiosités, ne ratez pas les éditions Horay (tout au fond, à côté du stand de lutte contre le cancer). Depuis une quarantaine d'années, elle publie au compte-goutte des bouquins à l'intérêt très variable : si on peut facilement passer à côté de leurs guides familiaux, on se penchera en revanche avec bonheur sur leur réédition de la bande dessinée Little Nemo in Slumberland, ou sur leur très belle compilation de journaux du XIXème siècle... On remarquera également un stand rigolo de mini-livres (pas plus de deux centimètres cube) au contenu néanmoins un peu faible (astrologie, dictionnaire franco-anglais), qui constituent plus des cadeaux amusants que de véritables livres.

En fin de compte, on peut regretter que les éditeurs les plus célèbres constituent les plus gros pôles d'attraction, alors que leurs ouvrages sont trouvables dans la moindre FNAC du coin. Alors un conseil : au lieu de vous engouffrer dans le cœur surpeuplé du Salon du Livre, faites plutôt le tour pour découvrir les petits éditeurs originaux exilés en périphérie...