9/10Stanley Kubrick : l’exposition

/ Critique - écrit par riffhifi, le 08/04/2011
Notre verdict : 9/10 - 2011 l’odyssée de l’expo (Fiche technique)

L’exposition proposée par la Cinémathèque Française permet une exploration très complète de l’œuvre de Kubrick, à travers de nombreuses notes, des articles de presse, des correspondances… Et l’iconographie n’est pas en reste : matériel promotionnel d’époque, costumes et accessoires…

De mars à juillet, la Cinémathèque Française consacre une exposition à Stanley Kubrick, qui aurait eu 83 ans cette année s’il ne s’était pas barré comme un sagouin en 1999. S’il fallait dresser une liste des réalisateurs les plus marquants de l’histoire du cinéma, Kubrick arriverait probablement dans les cinq premiers sans difficulté : sur les treize films qu’il a dirigés, dix sont considérés comme des classiques ! Et plusieurs ont suffisamment secoué le public pour être interdits dans plusieurs pays… Avec le concours de sa veuve Christiane, de nombreux documents ont été réunis et organisés, pour constituer un parcours passionnant dans l’œuvre du cinéaste.

Stanley Kubrick : l’exposition
DR.
Suivant l’ordre chronologique, l’exposition présente chaque film de façon claire, à l’aide d’un texte d’introduction, d’une phrase de Kubrick judicieusement choisie, et d’extraits diffusés en boucle (sauf pour Fear and Desire, ce qui est surprenant quand on sait qu’il existe des copies en circulation… mais logique dans la mesure où son auteur ne souhaitait pas qu’il en reste). Autour de cette base commune, chaque long métrage affiche une belle collection de documents en tous genres. Forcément, les trois premiers (Fear and Desire, Le Baiser du tueur et L’ultime razzia) se contentent de matériel promotionnel et de quelques courriers, mais à partir des Sentiers de la gloire, le matériel exposé devient franchement passionnant : plans de tournage, articles de presse, photos de tournage, costumes originaux (ceux de Spartacus sont magnifiques), accessoires (c’est l’occasion de consulter les faux journaux imprimés pour les besoins d’Orange mécanique, ou la notice d’utilisation des toilettes "zéro gravité" de 2001 l’odyssée de l’espace)…

Prévoyez plus de deux heures si vous comptez lire toutes les notes, tous les articles présentés : on s’amusera notamment de l’accueil critique de chaque film, pas toujours défendu par la presse de l’époque. Lolita, après avoir suscité les missives scandalisées de lobbys catholiques américains, qui demandent à Kubrick de renoncer au tournage (la réponse du réalisateur est exposée aussi), se fait détruire par plusieurs journalistes français, dont un Henry Chapier plein de mauvaise foi qui prétend que les 19 ans de Sue Lyon sautent aux yeux (elle en avait quatorze), et que Kubrick n’a probablement pas lu le roman de Vladimir Nabokov (mouais, le scénario est signé de l’auteur lui-même).

Stanley Kubrick : l’exposition
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Egalement au programme : quelques maquettes, (la salle de guerre de Docteur Folamour, le labyrinthe de Shining), la statuette de l’unique Oscar remporté par Stanley Kubrick (pour… les effets spéciaux de 2001 !), la reproduction des décors troublants du Korova Milk Bar dans Orange Mécanique… En marge de ce documents propres aux films eux-mêmes, on trouve une galerie de photos prises par Kubrick dans sa jeunesse de voleur d’images, ainsi que quelques peintures de Christiane Kubrick représentant son mari.

La visite se déroule sur deux étages, mais il faut se souvenir en quittant le premier (prenez l’escalier, vous foulerez le tapis utilisé dans l’hôtel Overlook de Shining) qu’il ne reste plus que Full Metal Jacket et Eyes Wide Shut à explorer. Heureusement, une salle est consacrée aux projets inachevés de Kubrick (Napoléon, A.I. et Aryan Papers), ce qui permet d’imaginer ce qu’auraient pu être ces ajouts à sa filmographie.

L’inévitable boutique de souvenirs a le bon goût de ne pas prendre trop de place, et propose à la fois quelques gadgets idiots et quelques livres alléchants mais hors de prix (et bien sûr, la somptueuse intégrale DVD dans un coffret collector à 200€). Heureusement, l’expo se suffit à elle-même, et mérite peut-être même deux visites ; pour ceux qui seraient titillés par l’envie de revoir les films, la Cinémathèque propose évidemment une rétrospective, ainsi que des conférences et des projections de films inspirés par l’œuvre de Kubrick.