Salon du Livre - 2008
Sortir / Critique - écrit par Danorah, le 20/03/2008 (Tags : livre salon paris edition pays annee honneur
Une fréquentation en baisse de 8%, c'est triste. Mais soyons positifs : 165 000 visiteurs en 5 jours, pour un salon entièrement consacré au livre, c'est plutôt un bon score, non ?
Alors que la polémique bat son plein autour de la mise à l'honneur d'Israël au Salon du livre de Paris cette année, l'affluence au pavillon qui lui est réservé dans l'immense Hall 1 de Paris expo atteint des sommets vertigineux, tandis que des coups de fil suspects provoquent l'évacuation du salon pour quelques heures. Et malgré toute cette agitation, la foule tranquille, mouvante et tentaculaire, se presse autour des stands des éditeurs, se range sagement en file plus ou moins longue pour attendre ses précieuses dédicaces, flâne entre les étalages, s'arrête pour assister à un bout de conférence, repart dans les méandres des allées dûment numérotées et immatriculées... En toute quiétude.
Imaginez une gigantesque librairie dans laquelle tous les genres, tous les pays, toutes les cultures, tous les registres, seraient représentés. Une librairie où les piles de gros pavés de fantasy côtoieraient les ouvrages historiques les plus pointus, où la littérature enfantine/jeunesse pourrait enfin s'étaler sur des mètres-carrés d'étalages, où la surface des stands régionaux ferait deux fois celle d'une librairie normale... Bref, une librairie-promenade aux proportions démesurées, où toutes sortes d'animations viendraient agrémenter votre parcours. Vous y êtes ? Voilà, le salon du livre, c'est ça, ni plus, ni moins.
D'aucuns y vont pour découvrir des auteurs, glaner des idées, butiner entre les étalages sans but précis. D'autres, plus organisés, auront pu s'amuser à suivre les divers et astucieux parcours thématiques mis en place par les organisateurs, et il y en avait là aussi pour tous les goûts. Le tout guidé par des dépliants bien fichus permettant de se ne pas manquer les points névralgiques, tellement nombreux et variés qu'il était facile de passer à côté sans s'en apercevoir.
Au rayon des bizarreries, on remarquera qu'au salon du livre, on ne trouve pas que des livres. On y trouve aussi des produits d'artisanat divers et variés, des disques, des petits calepins (surtout ne pas craquer...) et divers petits objets aussi ravissants qu'hors de prix. Autre sujet d'étonnement, sur un plan tout à fait différent : à votre avis, qui était le véritable héros de ce salon du livre ? La littérature israélienne, me direz-vous. Certes. Mais la littérature n'est pas une personne. Alors ? N'était-ce pas plutôt Geluck, accompagné de son Chat ? Entre une exposition spéciale « 25 ans », une conférence suivie religieusement par un public fourni, et un numéro spécial Chat de Télérama, le monsieur n'a pas eu à se plaindre d'une quelconque sous-exposition médiatique.
Contrairement aux éditeurs et aux organisateurs, qui doivent faire grise mine à la vue des chiffres de fréquentation, nettement en baisse cette année : 165 000 visiteurs en 2008, contre 186 000 l'année dernière, ça fait mal. Aux ventes, notamment, en baisse de 10 à 20%. Mauvais point aux visiteurs lycéens et étudiants, dont le nombre a baissé d'un tiers par rapport à l'année dernière, alors même que l'entrée leur est accordée gratuitement ! Une baisse de fréquentation qui peut s'expliquer, d'après Livres Hebdo, par les mesures de sécurité accrues qui ont entouré la mise à l'honneur d'Israël cette année, et qui ont surtout provoqué des files d'attente d'une longueur rédhibitoire. Sans oublier l'évacuation du salon dimanche soir pour cause d'alerte à la bombe. Bref, un bilan de fréquentation plutôt mitigé et décevant.
N'ayant pas assisté aux éditions des années précédentes, je ne saurais vous dire si la version 2008 a été meilleure ou plus mauvaise que ses prédécesseuses (oui, c'est un néologisme). En vertu de quoi l'aurait-elle été, d'ailleurs ? Un salon du livre, quel qu'il soit, c'est avant tout une belle balade au pays du livre, une caverne d'Ali baba pour lecteurs affamés de mots, de lettres, d'imaginaire et de culture. Et pour satisfaire ces envies, le Salon du Livre de Paris est tout indiqué, et même chaudement recommandé.